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quel courage ne me donne pas en ce moment suprême le souvenir des paroles que vous m’adressâtes en me disant adieu :

« Mon fils que la foi et l’espérance n’abandonnent jamais ton cœur ; prie, Dieu te protégera, c’est ta mère qui te le promet. » Croyant fermement à cette promesse, je repris le calme de mon esprit. Ma pensée fut que j’échapperais à tous les dangers qui allaient s’accumuler sur nos têtes ; et dès lors j’abandonnai mon avenir à la Providence et à mes inspirations de salut.

Je ne passerai pas en revue toutes les mesures prises pour sauver la frégate, depuis le moment où elle échoua jusqu’à celui où on l’abandonna avec une précipitation et un désordre inconcevable, ces détails m’amèneraient à blâmer certains moyens que l’on employa pour la dégager du banc sur lequel elle était échouée, mon intention se borne à décrire toutes les tortures de notre position et non à formuler une accusation contre ceux auquels avait été confiée notre existence.

On commence par carguer les voiles. On descend tous les hauts mâts ; les embarcations sont mises à la mer à l’exception de la chaloupe qui n’était pas calfatée ; on la calfate à la hâte, elle est mise à la mer, mais n’est pour lors d’aucune utilité, elle prenait une trop grande quantité d’eau.

Après avoir allégé la frégate, tous les efforts furent employés le 2 et le 3 à la mettre à flot ; mais plus on avançait dans ce