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PASCAL.

Oui, de Wilhelmine de Ranspach, qui m’a aimé et qui m’a lâchement trahi !

WILHELM.

Mme la baronne de Ranspach vous a aimé, vous !… ah ! vous en avez menti !

CHAMBORD.

Mille z’yeux !

PASCAL.

Menti !… (Se contenant.) Ah ! vous ne voyez donc pas mon uniforme ?… vous ne savez donc pas ce qu’il faut pour laver l’insulte que vous venez de me faire ?

WILHELM.

Vous avez jeté le mépris sur une tombe, monsieur, et cette conduite est indigne d’un soldat !

PASCAL.

Une tombe ! une tombe ! Wilhelmine est morte !… morte !… ah !…

Il tombe sur un siége.

CHAMBORD.

V’là de la belle ouvrage !… nom d’une pipe !… v’là qu’il descend la garde !

ENSEMBLE.
Air : C’en est trop, mon honneur (Philippe).
––––––––Ah ! je sens dans mon cœur
––––––––Bouillonner la colère !
––––––––C’ démenti, sur l’honneur,
––––––––Vous portera malheur !
––––––––Vous r’cevrez votre affaire
––––––––Dans le prochain combat,
––––––––Vous apprendrez j’espère,
––––––––A craindre le soldat.
WILHELM.
––––––––Ah ! je sens dans mon cœur
––––––––Le dépit, la colère !
––––––––Je dois avec ardeur
––––––––Défendre mon honneur !
––––––––Mon bras saura, j’espère,
––––––––Venger dans un combat
––––––––Celle que je révère,
––––––––Et punir ce soldat !
FRÉDÉRIC.
––––––––Ah ! je sens dans mon cœur
––––––––La crainte et la colère !
––––––––Il a pour son malheur
––––––––Provoqué l’imposteur !
––––––––Jamais ici, j’espère,
––––––––N’aura lieu ce combat.
––––––––Hélas ! comment donc faire
––––––––Pour chasser ce soldat ?
WILHELM, à Frédéric.

Vous serez mon témoin.

CHAMBORD, montrant Pascal.

J’ suis l’ sien, ça va sans dire.

CHAMBORD, à part, se frottant le front.

Six dragons vont mettre ordre à tout ceci !

WILHELM, à Chambord.

Je reviens avec des armes.

CHAMBORD, montrant Frédéric.

J’ vas choisir le terrain avec monsieur.

REPRISE, ENSEMBLE.
––––––––Ah ! je sens dans mon cœur, etc.
MINA, qui a entendu la fin de la scène.
––––––––Ah ! je sens dans mon cœur
––––––––Une douleur amère !…
––––––––En voyant leur fureur,
––––––––Je redoute un malheur !
––––––––Il vient, dans sa colère,
––––––––D’insulter un soldat !
––––––––Jamais ici, j’espère,
––––––––N’aura lieu ce combat !
CHAMBORD, au fond, en sortant.

Si en route je tapais sur la tête au vieux, ça le vexerait, et nous ferions partie carrée… je vas y penser.

Wilhehn, Frédéric et Chambord sortent par le fond.


Scène VIII.

MINA, PASCAL[1].
MINA.

Pascal, j’ai tout entendu ; vous ne vous battrez pas !

PASCAL, toujours assis et à voix basse.

Je me battrai, Mina.

MINA.

Vous ne vous battrez pas, vous dis-je !

PASCAL, même jeu.

Vous ne savez donc pas qu’il m’a insulté ?

MINA.

Vous ne savez donc pas, vous, que c’est l’enfant de Wilhelmine ?

PASCAL, se levant.

Hein !… son fils… vous me trompez encore ; vous voulez sauver la vie de ce jeune homme.

MINA.

Il est le fils de Wilhelmine, je vous le jure.

PASCAL.

Son fils… il est donc vrai ! j’ai été oublié… par elle… oh !… oublié !…

MINA.

Oublié !… mais vous avez eu sa dernière pensée ; elle a laissé ici, pour vous, un souvenir, un adieu dont je suis dépositaire.

PASCAL.

Un souvenir… un adieu pour moi ?

MINA.

Oui, là, dans sa chambre.

PASCAL, passant.

Dans sa chambre !…

MINA.

Silence, on vient !

  1. Pascal, Mina.