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naissance pour qui de riches parents achetaient une cure. Sans avoir besoin, comme leurs confrères moins favorisés du sort, de solliciter la bienveillance d’un puissant protecteur pour en obtenir quelque bénéfice, les membres de cette classe se trouvaient, dès leur entrée dans les ordres, en possession d’un revenu qui suffisait à leur assurer une existence conforme à leurs goûts et à leur éducation. Après avoir achevé ses études à l’Université d’Oxford, George Austen était resté attaché à Saint John’s College en qualité de censeur, « proctor ». Un de ses petits-fils, raconta plus tard[1] avec un naïf orgueil, que le jeune homme, dont le savoir et la culture étaient fort appréciés, était connu à Oxford sous le nom du « beau censeur » « The handsome proctor », que lui avaient valu la régularité de ses traits et l’élégance remarquable de sa tournure. À trente-trois ans, il quitta Oxford et prit possession de la cure de Steventon dont un de ses cousins, Mr. Knight, riche propriétaire du Hampshire et seigneur de Steventon, avait depuis 1761 disposé en sa faveur. Pour augmenter les revenus du pasteur, un oncle acheta pour lui vers la même époque le bénéfice de Deane, paroisse voisine de Steventon.

Sa situation matérielle étant assurée par sa première nomination, le révérend Austen épousa en 1764 Miss Cassandra Leigh, fille du recteur de Henley-on-Thames. Miss Leigh, dont la famille comptait d’aristocratiques alliances, était la nièce de ce doyen de Balliol College, le docteur Théophilus Leigh, dont les bons mots et les spirituelles réparties étaient cités avec éloge jusque dans le cercle du docteur Johnson et de son amie Mrs. Thrale. Si, comme tout nous permet de le croire, le recteur de Deane et de Steventon était entré dans l’Église sous l’influence de motifs d’ordre strictement utilitaire, il tenait néanmoins à s’acquitter consciencieusement de ses devoirs pastoraux. Ceux-ci, d’ailleurs, se réduisaient à prêcher en chaire une

  1. Memoir of Jane Austen by .J. E. Austen Leigh. (Second edition, 1871). Page 10.