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du jardin. On m’annonce qu’on a découvert un fruit sur un des abricotiers ». [1]

Le rez-de-chaussée de Chawton Cottage contenait, en plus de la cuisine et des dépendances, deux pièces dont l’une, la plus petite, ouvrant sur la route de Winchester, servait de salle à manger et dont l’autre était le salon où Jane Austen avait fait placer son piano, « le meilleur qu’il avait été possible de se procurer pour trente guinées ». [2] Chaque matin, avant le déjeuner, Jane faisait un peu de musique ; le soir, elle chantait en s’accompagnant quelque romance : « L’Adieu du Soldat » et « Le beau gars aux cheveux blonds ». [3]

Dans la petite salle à manger où les trois femmes avaient coutume de travailler à des ouvrages d’aiguille, Jane Austen recommença bientôt, comme autrefois à Steventon, à délaisser la couture pour s’asseoir devant le pupitre dont le tiroir renfermait ses manuscrits. « Elle avait soin que ni les domestiques, ni aucune personne étrangère à la famille, ne pussent deviner à quoi elle s’occupait. Elle écrivait sur de petites feuilles de papier qu’elle pouvait aisément dissimuler ou recouvrir d’une feuille de buvard. Il y avait entre la porte d’entrée et l’office une porte qui grinçait en s’ouvrant et elle défendit qu’on la réparât car son bruit servait à l’avertir de l’approche d’un visiteur ». [4] Les interruptions étaient d’ailleurs assez rares dans ce tranquille Chawton (Cottage où Mme Austen et ses filles menaient une vie dont la lecture était la grande distraction et dont les occupations se réduisaient à la direction du ménage, à quelques ouvrages pour les pauvres et à quelques leçons de lecture et d’écriture données aux enfants du village. [5] Cette

  1. Lettres. 29 et 31 mai 1811.
  2. Lettres. 27 décembre 1808.
  3. « The Soldier’s Adieu », « The Yellow-haired Laddie ». Voir Jane Austen, her life and lier letters. Page 238.
  4. Memoir. Page 96.
  5. Cité par C. Hill, dans « Jane Austen, her homes and her friends » d’après des papiers de famille. Page 177.