Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/268

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aussi, ce qui va vous sembler pire encore. Chez un marchand où j’étais allée acheter de la mousseline à carreaux que j’ai payée 5 shillings le mètre, je me suis laissée tenter par une mousseline d’une couleur ravissante, et j’en ai pris dix mètres, pensant qu’elle vous plairait ». Puis viennent de nouvelles « dépenses folles » parmi lesquelles figure l’achat d’un charmant petit bonnet. Et c’est un nouvel aveu : « Rien ne saurait me contenter si je ne m’achète pas, en plus de ce bonnet, un chapeau de paille comme celui de Mme Tilson. C’est tenir une conduite scandaleuse, mais le chapeau en question, qui va me coûter une guinée, n’est vraiment pas cher ». [1]

Le choix de parures et de toilettes s’imposait d’ailleurs car Mme Henry Austen allait donner une soirée à laquelle elle avait invité quatre-vingts personnes. Henry Austen était alors associé dans une banque et habitait une jolie maison de Sloane Street où sa femme recevait une société nombreuse, « gentry » et gens d’affaires, auxquels se mêlaient quelques émigrés et quelques artistes. Le lendemain de la soirée, Jane en envoya le récit à Chawton : « Tout s’est passé à merveille. À sept heures et demie, les musiciens sont arrivés dans deux fiacres et à huit heures, la noble compagnie a commencé à faire son apparition. Parmi les premiers arrivés étaient George et Mary Cooke et j’ai passé la plus grande partie de la soirée avec eux. Bientôt, comme il faisait trop chaud au salon pour nous, nous sommes allés dans le vestibule où il faisait relativement frais. Là, nous avions l’avantage d’entendre la musique à une distance raisonnable et de voir arriver les derniers venus. J’étais entourée de gens de connaissance, des messieurs surtout, et, avec Mr. Sampson, Mr. Seymour, Mr. W. Knatchbull, sans compter Mr. Walter, Mr. Egerton, les Cooke, Miss Beckford et Miss Middleton, je n’étais pas sans avoir à qui adresser la parole. La musique a été très bonne… les musiciens ont fait le plus grand plaisir à tout le monde et ont gagné leur argent

  1. Lettres. 18 avril 1811.