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Fauche, à Neuchâtel, le texte authentique de Rousseau. La brochure dont nous parlons contient enfin une lettre signée le Dépositaire des Mémoires de Rousseau, où Moultou déclare qu’il ignorait, et que son père a toujours ignoré le prétendu délai fixé par Rousseau pour la publication ; que Rousseau, en remettant à Moultou une copie des Confessions, l’avait laissé juge du moment où il conviendrait de les donner au public et que le mécontentement manifesté par DuPeyrou provenait de ce qu’en cette affaire il poursuivait un intérêt de lucre.

Cette polémique fit le bruit qu’on se peut aisément figurer[1]. Puis, bientôt, parut à Neuchâtel l’édition de DuPeyrou, qui porte la date de 1790. Elle est « enrichie d’une série de lettres inédites de Rousseau. Au début du premier volume, on trouve quelques échantillons curieux des changements apportés par Moultou au texte original, placé en regard du texte imprimé. Ce ne sont pas de simples suppressions, mais de véritables altérations dont on a souvent peine à comprendre le motif, si bien qu’on se demande de quel côté est la « contrefaçon ». Puis, dans une courte lettre, Fauche-Borel fait l’éloge de DuPeyrou et le remercie de lui avoir confié cet ouvrage, qu’il offre au public comme les « prémices » de son imprimerie naissante. Vient ensuite un Discours préliminaire, où DuPeyrou, reprenant

  1. DuPeyrou, qui n’était pas toujours adroit, était certainement d’une probité scrupuleuse. Lors des négociations qui préparèrent l’édition de Genève, il faillit déjà se fâcher parce que le prospectus semblait promettre au public la totalité des Confessions, tandis qu’en réalité on ne lui en donnait que les six premiers livres. « Je vous déclare une fois pour toutes, écrivait-il aux éditeurs genevois le 15 mai 1779, que je romps toute affaire et tout commerce, s’il faut employer des moyens qui me répugnent et qui déshonorent la qualité que nous professons d’être les amis de l’homme le plus vrai… ». (Cette lettre figure dans un curieux dossier que possède la Bibliothèque de Genève, relatif à l’édition générale de 1782).