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portrait de rousseau par jean houël

d’abord mal datées, et, grâce à la Correspondance générale, ce petit point d’histoire peut être établi maintenant avec une entière certitude : Turc est mort, non pas en 1760, mais au début de juillet 1761. C’est dans le courant de juillet 1761 que le maréchal, la maréchale, Mme de Boufflers, apprennent la nouvelle et adressent à Rousseau leurs condoléances ; une lettre de Mme de Verdelin, du 3 avril 1761, confirme qu’à cette date Turc était bien vivant. Donc la mort du chien, postérieure à la Fête-Dieu de 1761, ne peut plus contribuer en rien à la solution de notre problème.

Il reste ainsi trois dates à examiner : 17 juin 1759, 8 juin 1760 et 24 mai 1761. A priori, la première est la plus vraisemblable puisqu’elle tombe pendant le seul séjour prolongé que Rousseau, nous l’avons vu plus haut, ait fait au Petit Château. Mais cette raison n’est pas décisive, puisque, nous l’avons vu aussi, Rousseau déclare y avoir été passer dans la suite « quelquefois deux ou trois jours et fort souvent y avoir « couché ». Il faut donc serrer le problème de plus près et rassembler les renseignements dont nous pouvons disposer sur les trois dates en question.

Celle du 24 mai 1761 ne résiste pas à cet examen. Rousseau a souffert, cette année-là, d’une violente crise de sa maladie depuis les premiers jours de mai jusqu’à la fin de juillet : il s’est cru en danger de mort ; au début de juin, il était, dit-il, « à l’extrémité » ; il décline toutes les visites et ne reçoit personne. La correspondance générale (t. VI, lettres 1069, sqq.) en fournit de nombreuses preuves, toutes concordantes[1]. L’heure n’est certes pas aux vi-

  1. À l’exception de la lettre 1.074 (p. 131) « à M. Coindet, ce vendredi [22 mai 1761] » ; mais cette pièce a été sûrement mal