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annales de la société j. j. rousseau

Mieux informée, Mme d’Epinay accueillit Mme de Verdelin dans sa société. La nouvelle venue devint bientôt la confidente de Mme d’Houdetot.

« Madame de Verdelin s’étant prise de passion pour la Comtesse (d’Houdetot) et la Comtesse pour elle, parce que la première fois qu’elles se virent elles avaient un ruban de même couleur rose, à la troisième visite allèrent se promener tête à tête dans le petit bois de Margency. L’une de soupirer, l’autre de répondre de même, et de soupirs en soupirs les voilà conduites à des réflexions générales sur la gêne des maris, l’inconstance des amants. Des pleurs involontaires s’échappent de leurs yeux, et, par leur abondance, grossissent les ruisseaux un regard de côté rapproche leurs âmes et voilà la confiance établie on s’avoue réciproquement ses amours. Que dis-je on s’avoue ? on s’en vante. La petite Verdelin console la Comtesse par son éloquence et sa sensibilité la Comtesse, à son tour, ranime l’espérance perdue, promet des soupers en partie carrée, des promenades, etc. Enfin, elles sortent du bois voyant les cieux ouverts… »[1].

Cela est gentiment conté, mais nous savons qu’il ne faut point prendre à la lettre toutes les affirmations des « Mémoires La plupart demandent un sérieux examen critique. Les travaux de Mme Frédéricka Mac-Donald ont nettement établi les multiples réserves qu’il convient de faire à leur sujet.

Mais des confidences faites par Mme de Verdelin à Rousseau, que nous relèverons au cours de cette étude, il demeure avéré que la liaison de cette aimable femme avec Margency lui a causé de vifs cha-

  1. Mémoires de Mme d’Epinay. T. II, p. 280.