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TEXTE DE LA NOUVELLE HÉLOISE

Enfin ce sont le style même et la pensée de Rousseau que les manuscrits nous permettent à l’occasion de déterminer et de respecter. Rey, par exemple, imprime : « Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité.

Qui vaut mieux, peut-être…[1] »

Duchesne et presque tous les éditeurs qui suivent corrigent : « … une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux, peut-être. » Le deuxième brouillon et la copie Luxembourg marquent, comme Rey, l’alinéa. C’est qu’il y a dans la pensée de Julie qui écrit un moment de méditation mélancolique et silencieuse et que le « Qui vaut mieux » n’est que la conclusion de ce silence. Nous avons indiqué, au début[2], des variantes où une lettre et un signe de ponctuation déplacés transforment le sens. Les manuscrits nous permettent de choisir. De même lorsque Rey imprime : « dans l’état civil où l’on a moins besoin de bras que de tête[3] », il n’a pas laissé tomber l’s que rétablissent Duchesne et tous les autres. C’est ainsi qu’écrit Rousseau dans le deuxième brouillon et la copie Luxembourg.

Puisque les manuscrits ont un usage nécessaire il n’est pas indifférent de connaître quel est le plus rapproché de l’impression, celui qui devra faire foi. Leur chronologie, importante pour toute étude du travail du style chez Rousseau, est également indispensable pour une édition critique.

  1. VI, 8, p. 160.
  2. Cf. p. 3.
  3. V, 3, p. 118.