Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 7.djvu/126

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son travail au mien, inserer ses liaisons dans mon ouvrage et faire passer ses idées sous mon nom ? Il faut s’attendre à tout de la part des hommes mais je pourrai toujours apprendre au public votre procédé et ce que j’en pense, et je doute qu’aucun homme honnête en puisse être instruit sans indignation. Au reste j’attendrai de voir ce curieux ouvrage pour dire mon sentiment sur la conduite de mon associé. Qoique je fisse peu de cas des gens de Lettres, j’avoue que je n’en croyois aucun capable d’une pareille iniquité.

Le frontispice dont vous m’avez envoyé l’épreuve me paroît assez bien gravé mais je le trouve bien pompeux dans ses promesses. Ces magnifiques annonces ne sont point de mon goût. Celui qui veut aller à l’immortalité tâche de faire ce qu’il faut pour cela sans rien dire, et il a raison ; car on n’en croit pas aux auteurs sur leur parole. Je trouve plaisant aussi que vous m’ayez fait commencer mon livre par un solecisme. Ceux qui savent que j’ai un peu étudié ma langue, verront bien que ce titre traité d’éducation n’est pas de moi.

Je ne suis pas étonné, Monsieur, que vous qui me donnez des Correcteurs vous me condanniez à faire des traductions. Pour moi je vous dirai que je fais mieux encore je me condanne à faire des lacets.

Bonjour, Monsieur, je vous salue de tout mon cœur.

J. J. Rousseau.

J’oubliois de vous dire que je me suis chargé de vous parler d’un manuscrit dont Mylord Maréchal est depositaire. Voici ce qu’il m’en écrit :

Les Mémoires de Russie dont je vous ai parlé sont écrit[s] par un officier confident du mareschal Munich,