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EXPÉRIENCES

dix millièmes, si même elles y arrivaient, et l’on verra qu’aucune des petites différences de l’observation et du calcul n’est au-delà de la limite totale de la justesse des opérations.

Nous avons voulu voir ensuite le résultat des mêmes formules pour la charge, très-considérable, de 80 kilogrammes. En comparant nos résultats avec ceux obtenus pour une charge de 4 kilogrammes seulement, nous avons reconnu que, proportion gardée, le cyprès a le moins de flèche sous la grande charge, ensuite le chêne, puis le sapin, enfin le hêtre.

De là nous tirerons cette conséquence remarquable ; Quand même la résistance virtuelle d’une espèce de bois serait très-forte ; si les différences secondes étaient considérables pour cette espèce, avec une charge assez grande, ce bois finirait par plier plus que celui d’une autre espèce, dont la résistance virtuelle à la flexion serait cependant plus petite.

On sait que le hêtre est éminemment élastique ; le tourneur en fait l’arc qui sert de régulateur à son tour. Dans la marine, les meilleurs avirons, ceux qui supportent sans se rompre les efforts les plus grands, les chocs les plus brusques, sont les avirons de hêtre. C’est que les différences secondes pour le hêtre étant considérables, cette grande flexion dont le hêtre est susceptible, avec des charges données, lui permet de céder à des chocs brusques, et le rend peu cassant.

Remarquons, au contraire, que le cyprès, peu flexible et très-cassant, a ses différences secondes presque insensibles ; elles ne sont pas le tiers de celles du hêtre.

J’ai déterminé les pesanteurs spécifiques des quatre espèces de bois soumises aux expériences précédentes, l’ordre de ces pesanteurs est aussi celui des résistances à la flexion.

De là résulte cette conséquence importante : De deux vaisseaux dont la charpente sera d’égal volume, celui construit avec le bois le plus pesant prendra moins d’arc ou de courbure, que celui construit