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Les crossettes diffèrent des boutures, parce qu’on leur conserve, à l’extrémité inférieure, un talon en bois de deux ans.

On appelle marcottes enracinées, celles qu’on obtient par le provignage total ou partiel d’un cep.

On provigne un cep en entier en le déchaussant complétement au-dessous de la souche que l’on couche dans une tranchée peu profonde et que l’on comble ensuite. On taille à deux yeux, au-dessus du sol, chacune des extrémités des sarments qui sortent de terre. Ces sarments, alimentés par la souche et les nombreuses racines qui se développent de leurs yeux enterrés, poussent vigoureusement. Lorsque après un an, on les sépare de leur souche, ils ont le nom de chevelées, qu’ils doivent aux faisceaux de racines formés à chaque œil sur la longueur de leur partie enterrée. Le provignage partiel ne diffère du précédent que parce qu’on n’agit que sur quelques sarments et non sur tous ceux du cep. Les chevelées se mettent beaucoup plus tôt à fruit que les boutures ou crossettes.

Le provignage peut se faire en plaçant les sarments couchés dans un panier ou dans un pot. Il en résulte l’avantage qu’après avoir sevré le sarment au-dessous du panier ou du pot, on lève le tout en une motte que l’on transporte et plante à volonté, sans risque pour les racines.

La greffe en fente sur tige et sur racines, ainsi que celle en navette, sert à multiplier le cépage que l’on désire et à changer, sans perte de récolte, celui qui ne convient pas.

Il n’y a que les pomologues qui essayent de semer, dans le but d’obtenir des variétés dont la nature se montre, du reste, prodigue par tous les moyens qu’elle emploie pour disséminer les graines et favoriser leur fécondité.

La vigne, pour produire sous notre climat peu favorable à sa culture, a besoin d’abris. Le plus simple est le mur surmonté d’un chaperon. On peut, dans cette situation, lui imposer trois formes différentes : 1o la tige surmontée d’un cordon simple ; 2o la thomery ou à cordons horizontaux ; 3o la palmette.

Dans ces trois cas, la plantation est la même. On choisit de préférence des chevelées enracinées. On trace une rigole dirigée à angle droit vers le mur et profonde de 16 à 20 centimètres. On y couche, dans toute sa longueur, la partie de la chevelée qui a été enterrée. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit longue de plus de 50 centimètres. On taille à deux yeux le sommet qui restait du sol et qu’on redresse contre le mur. On comble la rigole de terre à moitié de sa profondeur, pour laisser arriver plus facilement aux racines les influences de l’air atmosphérique ; on achève de la remplir en septembre. La plantation se fait en mars et avril.

Les deux yeux sur lesquels on a taillé la chevelée, en la plantant, sont destinés : le supérieur à prolonger la tige, l’inférieur à fournir un sarment, dont on fera un courson pour fournir des bourgeons à fruit. Cette production, après avoir concouru à l’alimentation de la tige, sera supprimée dans les treilles à cordons, lorsqu’elles seront arrivées au point où ceux-ci seront établis, afin de ne pas nuire à leur formation. Elle sera conservée dans la palmette et deviendra branche à fruit.

Chaque année, on taille successivement le bourgeon de prolongement, selon sa vigueur, pour que les yeux, qui sont conservés sur sa longueur, puissent se développer convenablement ; et, si les bourgeons qui en résultent, prenaient trop de force, il conviendrait de leur faire subir un pincement, dans le but de maintenir la séve à leur base. Le bourgeon terminal croît ; on le maintient par un palissage vertical, et il est rare qu’on doive jamais le pincer ; s’il s’emportait, on le ramènerait, à la taille suivante, à sa juste proportion.

À chaque taille, on coupe chaque rameau latéral d’un an sur ses deux yeux les plus rapprochés de son insertion, et chacun des rameaux de deux ans ou davantage, sur l’œil de ses deux sarments le plus près de la tige, et finalement cette dernière, sur ses deux yeux les plus bas. On continue à tailler ainsi chaque année.

S’il s’agissait d’établir une treille à un cordon (le moyen est commun à la vigne à cordon simple comme à celle à la Thomery), on agit comme nous venons de le dire, jusqu’au moment où la vigne a atteint la hauteur où doit régner le cordon.

La formation de la vigne à un cordon est fort simple. On taille le prolongement de la vigne à deux ou trois yeux au-dessus de l’œil qui se trouve le mieux placé pour la hauteur, mais plutôt un peu au-dessous de la ligne qu’il doit occuper que plus élevé. On palisse ensuite horizontalement la portion qui le dépasse, de façon que la