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annales du musée guimet

IV. Je ne m’explique pas que le nom de Buddha Ratnottama qui doit être celui de ce marchand soit rendu par le tibétain spos-mchog qui correspondrait à un sanskrit Gandhottama (excellent en odeurs). Il faut admettre qu’il y a deux noms proposés, l’un Gandhottama par allusion à la première offrande (celle des parfums) ; l’autre Ratnottama par allusion à la deuxième offrande (celle des pierreries). On aura probablement hésité entre ces deux noms, certaines recensions auront admis Gandhottama, d’autres Ratnottama. La traduction tibétaine spos-mchog se retrouvera dans le récit huitième.


5. SOMA (5)
– Lune –

 Nota. Le cinquième récit a eu du malheur ; il a été victime de je ne sais quelle étourderie de copiste qui l’a fait disparaître. Après le préambule ordinaire qui suit l’intitulé, il y a dans le manuscrit un texte qui occupe un peu plus d’un demi-feuillet, et qui est le commencement du Sùkarika-avaddna. Ce texte s’arrête brusquement, bien avant d’être achevé, au milieu d’une phrase, et le sixième récit Vac/rika commence sans que rien l’annonce. Cette lacune se trouve dans le plus ancien manuscrit connu de rAvadâna-Çataka, le 1611 de Cambridge, dont dérivent probablement toutes les autres copies connues et qui, selon toutes les apparences, dérive lui-même de copies plus anciennes présentant la même lacune. A moins d’une découverte inespérée d’un manuscrit ancien qui renfermerait ce récit, on doit en considérer le texte comme perdu. Mais le Kandjour nous l’a conservé dans la version tibétaine, et c’est d’après cette version que nous en donnons la traduction française suivante.

Le bienheureux Buddha (1)… résidait à Çrâvasti à Jêtavana, dans le jardin d’Anâthapiṇḍada.

Or, il y avait à Çrâvastî un tisserand nommé Suma, pauvre, extrêmement pauvre. Il vivait au jour le jour du produit de son travail, et ne réussissait pas à mettre de côté si peu que ce fût. Or il se dit eu lui-même : « Je suis venu de l’autre monde ici sans m’être acquis de l’autre coté (de l’existence) aucun mérite. Si donc je n’accomplis pas ici d’actes purs, si je pars d’ici pour l’autre monde sans m’être acquis les mérites nécessaires pour aller en refuge auprès de celui qui protège contre la crainte et l’épouvante, il faut au moins que je fasse à Bhagavat l’offrande d’une bribe quelconque. C’est évident.

— Telle fut sa réflexion.

Un jour donc, ayant tissé le coton qu’un maître de maison lui avait fourni,