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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
plète, ni de la même main. La première partie qui va du Hâ I au Hâ XLVII (éd. Spiegel) est de Nériosengh, fils de Dhaval ; la seconde va du Hâ XLVII au Hâ LVI inclusivement et est probablement du cousin de Nériosengh, Ormazdyâr, fils de Ramyâr. La première est d’un homme qui connaît parfaitement le pehlvi, la seconde d’un homme qui n’en a qu’une faible idée. La première est un guide excellent pour entrer dans l’intelligence de la traduction pehlvie, et elle la calque si exactement qu’à défaut de la traduction pehlvie Burnouf a pu s’en servir directement pour attaquer le texte zend.
Il existe une bonne édition de Nériosengh par M. Spiegel[1]. J’ai suivi l’édition imprimée, en la corrigeant en quelques passages à l’aide du beau Yasna sanscrit de Burnouf (Fonds Burnouf, no 1).
Le Hâ LX et le Hâ LXII se retrouvent dans le Khorda-Avesta, comme formant l’élément essentiel de l’Âfringân Dahmân et de l’Âtash Nyàyish ; ils existent donc en traduction sanscrite dans le Khorda Avesta. La traduction sanscrite du Khorda Avesta est attribuée aussi à Nériosengh.
La date de Nériosengh est indéterminée et nous en sommes encore réduits à la donnée vague d’Anquetil : « La traduction samskretane est attribuée aux Mobeds Nériosengh, fils de Daval, et Ormuzdiar, fils de Ramïar, qui vivaient il y a environ trois cents ans » (Zend-Avesta, I, 2e partie, 74). Anquetil écrit en 1771, ce qui ferait remonter Nériosengh aux environs de 1470, ou en prenant la date où Anquetil prenait ses renseignements des Dastùrs de Surate, aux environs de 1455. Mais il faut remonter plus haut d’au moins un demi-siècle, car on connaît des manuscrits du Khorda Avesta et de l’Ardà Vîrâf avec traduction sanscrite qui datent de 1415 et 1410[2], et comme le livre du sacrifice était celui dont il importait le plus de conserver le sens, il est plus que probable que la traduction du Yasna a été la première en date des traductions sanscrites. D’autre part, le colophon du Gôshti Fryàn de Munich (M6), écrit en l’an 1397 par un descendant à la huitième génération d’Ormazdyâr, fils de Râmyâr, fait remonter le cousin germain de Nériosengh vers l’an 1260, en comptant
  1. Nerioseng’s Sanskrit Uebersetzung des Yasna, Leipzig, Engelmann, 1861, vol. in-8].
  2. Ardà Virâf, éd. Haug, p. x et xi.