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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

19 (48). J’annonce et j’offre [ce sacrifice] à tous les maîtres de sainteté.

J’annonce et j’offre [ce sacrifice] à toutes les divinités 68[1] bienfaisantes du monde spirituel et de ce monde 69[2], à qui il faut offrir le sacrifice et la prière 70[3] avec une sainteté parfaite 71[4].

    position d’une première loi à une nouvelle. Le sens précis de paoiryὸ-tkaêsha est donné par l’expression paoiryanàm tkaèshanãm paoiryanãm sâsnὸ gùshâm (Y. XXVI, 3, 10 ; cf. Yt. XIII, 149) « les premiers tkaèsha, ceux qui les premiers ont écouté l’enseignement » c’est-à-dire, comme le dit explicitement le commentaire pehlvi : « les premiers disciples de Zoroastre » (Pôryôtkêshân, fartûm nyôkshishu àmôzishnàn ; man fartûm hâvisht i Zartùsht yahvûnt havâ-and). Dans la littérature pehlvie les Pôryôtkêshân sont « les anciens sages » (dânâkan ì pêshînîkân ; début du Dìnkart, VI).

  1. 68. yazataèibyô : yazata, ph. îzat, p. izad, yazd, est le terme général pour une divinité : il signifie littéralement « qui doit recevoir le sacrifice » (de yaz ; cf. le védique yajata). En persan, le pluriel yazdàn est devenu le nom de Dieu.
  2. 69. Il y a deux sortes de mondes, le monde matériel et le monde spirituel ; le premier, gaèthya, est celui que nous voyons et où nous vivons ; l’autre, mainyava, est celui des esprits, le monde invisible, le monde céleste. Il y a des divinités de l’un et de l’autre ordre : nulle part on ne donne le départ des deux classes de divinités et il y en a, comme les Amesha-Speñtas, qui par leur double nature, appartiennent à l’un et à l’autre : Zoroastre est le seul Izad qui soit expressément désigné comme gaèthya (Vp. II, 4, 6).
    mainyava, formé de mainyu « esprit », signifie littéralement « spirituel », c’est-à-dire « qui ne peut être perçu que par l’esprit » ; les sens d’« invisible » et « céleste » sont dérivés, mais sont devenus si dominants que le dérivé persan minô est devenu le nom du ciel et de la matière émaillée dont on le supposait fait.
    Les deux mondes sont appelés : tantôt gaèthya et maînyava sti (sti, ce qui est, le monde) ; tantôt gaêthya et maînyava dâman (dâman, création) ; souvent (gaêthya étant remplacé par astvant « corporel », et maînyava par son parent manahya, dérivé de manô, ou par le génitif même de manô, mananhô) ; astvaiti sti, astvant ahu (ahu, le monde en tant qu’existant et vivant), astvaîtîsh gaêthâo et maînyava sti, manahyô ou mananhô ahu.
    De gaèthya est venu le nom persan du monde, giti, et du génitif pluriel gaèthanâm le doublet jîhân (pehlvi gêhân ; Études iraniennes, I, 66, n. 2, 68, 76) : gaèthya lui-même est un adjectif dérivé de gaètha qui semble avoir désigné d’abord une propriété rurale (ibid., II, 130 ; Vd. XIII, 10, 28 ; Béhistûn, I, 65).
  3. 70. yasnyàca vahmyàca : îzishnômand nyâyishnómand « qui reçoivent l’ízishn (yasna) et le nyàyishn (vahma) », l’un étant le sacrifice, le second la prière.
  4. 71. Ou peut-être : « à cause de leur sainteté parfaite ».