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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
Vers le xiie ou le xiiie siècle, l’étude du pehlvi étant négligée chez les Parsis de l’Inde et le sens compromis, on traduisit en sanscrit une partie de ces traductions (à savoir la plus grande partie du Yasna et le Khorda-Avesta). Ces traductions ou du moins la partie la plus considérable d’entre elles furent l’œuvre d’un Dastùr nommé Nériosengh, fils de Dhaval (voir chapitre viii, section II).
Vers le xve siècle, l’usage du sanscrit étant abandonné par les Dastùrs, on traduisit ces versions pehlvies dans le dialecte local, le gujrati. Ces traductions gujraties, très nombreuses, ont abouti en 1842-1843 à la grande traduction gujratie du Vendidad, du Yasna et du Vispéred, publiée à Bombay sous les auspices de la Société asiatique et connue sous le nom de traduction des Dastùrs ou de Fràmjî Aspandyârjì.
Enfin les traductions pehlvies furent aussi transcrites et traduites en persan[1].
Ces traductions sanscrites, gujraties, persanes, sont faites, non sur l’original zend, mais sur le commentaire pehlvi qu’elles traduisent littéralement, de sorte qu’elles sont un secours précieux pour déchiffrer la traduction de l’époque des Sassanides : car, malgré leurs erreurs de lecture qui ne sont pas rares, elles ont néanmoins conservé l’intelligence du pehlvi original avec une fidélité que l’on n’aurait pas soupçonné a priori.


À ces secours directs on peut ajouter une série de lexiques :
Le lexique zend-pehlvi, publié par Anquetil et par Haug[2].


    un manuscrit copié par Rustam Mihiràpàn, lequel vivait probablement vers 1250.
    Le plus ancien manuscrit du Vispéred pehlvi a été copié en 1257.
    Mais l’analyse de I'Avesta dans le Dinkart, qui est du ixesiècle, est faite sur le Zend, c’est-à-dire sur une traduction pehlvie des Nasks d’origine sassanide, et la concordance de notre traduction du Bak Yasht et des Gâthas avec l’analyse du Bak Yasht et du Varshtmànsar dans le Dinkart montre que pour le fond nos traductions représentent exactement celles de la période sassanide.

  1. Manuscrit de Munich rapporté par Haug (M6). — Je laisse de côté les traductions gujraties individuelles, telles que celle de M. Kavasji Kangaqui reproduit, très intelligemment d’ailleurs, l’enseignement européen. Le Khorda-Avesta de Tahmuras ou Tir Andàz (Bombay, 1242 Yezd.) est intermédiaire : c’est l’œuvre d’un homme qui connaît très bien la tradition et en conserve l’esprit, même dans les cas où il n’y a pas de Zend authentique.
  2. Voir plus haut, page xxxiii, note 2.