Page:Annales du Musée Guimet, tome 24.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
lxxii
ANNALES DU MUSÉE GUIMET


sence de toule douuée historique, considérer ces dogmes comme la création des Mages : quant à faire de ces Mages des Scythes, des Tourauiens ou autres, et à voir dans le Magisme le reflet d’une religion scythique, c’est une supposition qu’il est prématuré de discuter, tant qu’elle ne repose sur aucune donnée de fait, aucun indice précis, aucun témoignage direct ou indirect. Qu’il y ait eu en Médie, jadis comme aujourd’hui, un élément ethnique non aryen, cela est possible, cela est probable : que cet élément, dont nous ne connaissons rien, ait été un élément de civilisation et créé le Magisme, cela n’est encore qu’une hypothèse au second degré ’. Tout au plus peut-on voir dans l’habitude de jeter les morts aux bêtes fauves un trait de mœurs très primitives, commun à beaucoup de peuplades semi-sauvages de l’Asie, que le Magisme aura accepté et consacré par le dogme de la pureté des éléments-. La seule civilisation voisine dont nous connaissions l’existence est la civilisation assyro-babylonienne, qui, nous le savons, a été en beaucoup de choses l’initiatrice des Iraniens ^ et peut-être y aurait-il lieu de chercher si de ce côté les Mages n’ont reçu aucune leçon ni aucune inspiration. Faut-il chercher dans le renouvellement du monde qui suit la grande année de douze milléniums une transformation des mythes sémitiques de la renaissance annuelle de Tammuz et d’Adonis ? La résurrection elle-même semble attestée dans le cylindre babylonien dit de Cyrus *. En attendant que des fouilles en Médie soient possibles, l’assyriologie est la seule source d’où l’on puisse attendre quelque lumière sur la civilisation ancienne de la Médie : elle n’en a pas encore fournie •]. Sur la théorie ijizarre qui voit dans les noms royaux de la dynastie d’Âstyage des noms scythiques aryanisés, voir Eludes iraniennes. Il, 12-13. 2. Un des hommes qui ont eu par la pratique le sentiment le plus fin des choses de l’Orient, sir Alfred Lyall, avec qui je m’entretenais des lois zoroastriennes sur l’exposition des morts, résumait sa pensée en ces deux mots décisifs : Tliey foiind il convenient, Ihey made il reiigious.

3. Us lui doivent leur art, leur écriture.

4. li’ihi sha ina lukulli shn ubnlliln m/lulam, traduit : « Dcr Herr welcher im Vertrauen darauf dassor Todte lebendig machl » [Krilinsclivifl-nihiiolkcl ;, lit, 2, 121). D’après M. Arthur Strong (communication personnelle) : « le Dieu, par la foi de qui il ressuscite les morts ». S’il n’y a ici qu’une métaphore, la métaphore même suppose le dogme à l’arrière-fond.

5. Voir le résumé des données assyriennes dans J.-V. Prashek, Medien und das IJaiis des Krjaxares, Berlin, 1890.