Page:Annuaire des deux mondes, 1852-1853.djvu/126

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les Espagnols figurent pour 29 sur 100, les Italiens pour 6, les autres nationalités ensemble pour 8. Lorsque l’on décompose ainsi le chiffre de la population selon la nationalité ; on voit ressortir d’une manière plus frappante encore la lenteur avec laquelle les Français profitent individuellement des admirables chances que la conquête de cette vaste colonie offre à leur activité.

En définitive, jusqu’à ce jour, l’armée seule a fait son devoir sur cette terre d’Afrique, et bien qu’elle n’ait plus aujourd’hui à figurer que dans des expéditions partielles d’une importance secondaire, elle n’a pas cessé d’avoir sa tâche à cœur comme le premier jour. L’affaire de Laghouat est venue fournir une nouvelle preuve de cette ardeur infatigable en novembre et en décembre 1852. Les menées du chérif d’Ouargla, qui avaient échoué du côté du Tell, s’étaient reproduites vers le sud, du côté de Laghouat. Ce chérif avait réussi à soulever quelques tribus. Le gouvernement ne laissa pas à cette insurrection toute locale le temps de se développer. Deux colonnes commandées, l’une par le général Pélissier, l’autre par le général Yousouf, furent dirigées vers le foyer de ce soulèvement dès le milieu de novembre. Le chérif, battu par le général Yousouf, avait pu néanmoins se replier sur Laghouat et s’y renfermer. La population de cette ville l’avait accueilli avec enthousiasme, et lorsque le général Yousouf se présenta pour y pénétrer, sa colonne fut reçue à coups de fusil. Il fallut attendre la jonction du général Pélissier pour tenter un assaut en règle. C’est le 4 décembre que les troupes françaises, après un combat brillant et qui ne laissa pas de leur coûter beaucoup de monde, parvinrent à forcer l’entrée de Laghouat. Cette rapide expédition, couronnée par cet heureux fait d’armes, suffit pour étouffer le germe d’une insurrection d’ailleurs mal conçue et qui ne pouvait séduire que des populations aveugles, sans aucune notion des forces militaires dont elles étaient entourées. La prise de Laghouat terminait l’année par un de ces incidens qui viennent encore assez souvent témoigner que la domination française n’est point il l’abri de toute contestation en Algérie, mais qui ont eu même temps pour conséquence de lui fournir l’occasion de prouver aux Arabes qu’elle est toujours prête à répondre à une manifestation hostile par une victoire.

Resté toutefois une grave question à résoudre après tant de sang versé et de qualités militaires déployées : c’est de savoir quand la population civile de la France comprendra à son tour la mission qui lui est dévolue en Algérie, et viendra féconder par son travail ce sol arraché avec tant de courage à la barbarie arabe.

COLONIES TRANSATLANTIQUES. — L’une des préoccupations principales des colonies en 1862, c’est l’attente de la charte particulière que la constitution de 1852 a chargé le sénat de régler pour elles. Cette charte est encore en délibération dans la commission à laquelle cette assemblée a renvoyé l’examen du projet préparé par le ministre de la marine et par le conseil d’état. Que sera la constitution coloniale ? Nous n’avons pas le droit de le savoir, mais nous pouvons nous demander si c’est, à proprement parler, un acte constitutionnel que les colonies attendent et qu’on leur prépare, ou s’il ne serait pas plus exact d’y voir seulement un sénatus-consulte organique, destiné à dire par quel pouvoir sera faite à l’avenir la législation coloniale, et quels principes administratifs et financiers remplaceront ceux de la lui du 24 avril 1833, qu’on avait appelée un peu fastueusement