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d’abord entre Ies warrants et les billets a ordre ou au porteur; it reconnait que les premiers ne sont que des titres de propriete et que la faculty qui en resulte de transmettre sans deplacement la marchandise qu’ils represented ne constitue pas une propriete nouvelle et par consequent ne donne pas lieu a un accroissement de capital. D’autre part, il admet qu’un droit sur une chose future est distinct de la chose tneme a laquelle il s’applique, qu’il a une valcur propre, puisqu’il peut etre cede ou vendu, et que par consequent c’est un capital comme un autre. Il n’est pas besoin d’insister sur la singularity de ce raisonnement, en vertu duquel uu droit sur une chose qui existe serait depourvu de valeur, tandis qu’on reconnaitrait une valeur reelle aux droits sur les choses qui n’existent pas. A Fobjection tiree de la compensation qui s’etablit necessairement entre les creances et les deltes, du double caractere de toute valeur de credit qui figure au bilan du creancier dans Factif et dans celui du debiteur au passif, M. Macleod repond par des arguties algebriques ; il prouve qu’en geometrie les valeurs negatives onl souvent une valeur positive, en taut qu’elles n’expriment qu’une difference de position, et applique les memes signes convenlionnels au bilan social. Il reconnait en effet que le produit de l’avenir doit etre affecte du signe — , tandis que le signe + doit designer le produit du passe; mais cela n’empeche pas, suivant lui, le pro- duit de l’avenir de constituer une valeur posi- tive, un capital reel. Ges subtilites ne convaincront evidemment personne. La seule raison plausible que M. Mac- leod ait invoquee en faveur de son systeme est celle qui a deja induit en erreur d’autres economistes sur la nature du credit el provoque souvent des affirmations pareilles a la sienne. Elle se fonde sur la faculte que possedent les titres de credit de remplacer la monnaie et d’en jouer le r61e. Il est certain quele n6gociant qui a vendu desmar- chandises a credit peut se servir le plus souvent du billet que lui a fait Facheteur comme d’ar- gent complant, a charge seulement de payer d’avance Finteret de cet argent sous forme d’es- compte. Il a done livre un capital a Facheteur et se retrouve lui-rneme en possession d’un capital equivalent, bien qa’il n’ait pas ete.paye. De meme les billets au porteur qu’emet une banque font exaclement Foffice de monnaie tant qu’ils sont en circulation, C’est la ce qui a fait croire a M. Macleod et a d’autres que les effets de banque et de commerce augmentaient le capital social. Mais il est facile de se rendre compte de leur erreur. Les billets suppleent a la monnaie et rendent un grand service, puisqulls dispensent la sociele de se procurer Fexcedant de monnaie dont sanseux elle aurait besoinpoursesechanges. La monnaie etant un capital et un capital tres-reel, Femploi des billets dans la circulation permet a la societ6derealiserunplus grand nombre de trans- actions sans augmenterce capital. Mais les billets ne constituent pas eux-memes un accroissement de ce capital, pas plus que toute autre economie rdalisee’dans Femploi des capitaux ou du travail. Les machines a vapeur dont on se servait en 1837 consommaient 6 kilog. de houille par heure et par cheval-vapeur. Aujourd’hui, gr&ce aux per- feclionnements qui se sont oper6s, on obtient le meme travail moyennant 1,33 kilog. Voila une grande Economie dans le capital combustible. Dira-t-on pour cela que la masse du combustible a augment^? Evidemment non. Mais avec la meme quantity de combustible on produit beau- coup plus de travail, et depuis longtemps I’un des buts assignees par la science 6conomique a la production est de produire le plus possible avec le moins de travail et de capital. Les consequences du systeme de M. Macleod sont tellemcnt perilleuses qu’elles n’auraient pro- bablement pas eu un grand retentissement en France si cette doctrine ne s’6tait produite dans le Journal des Economistes sous le patronage de M. Michel Chevalier. Il est vrai que d’autres pu- blicistes Font vivementcombattue dans le meme recueil. Il est facile en effet de se rendre compte des desastres auxquels s’exposeraient un particu- lier, unnegociant, une compagnie financi6re, un fitat qui comprendraient dans leur avoir tous les benefices, certains et incertains, qu’ils peuvent faire dans l’avenir. Quedesbanques,des society industrielles aient escompte" l’avenir et ruine leurs creanciers du present, cela ne s’est vu que trop souvent ; mais est-ce a la science de justifier etd’encouragerces speculations hasardeuses, cet emploi aleatoire d’un capital qui n’existepas? Et qu’arriverait-il si le fisc voulait prendre a la lettre le principe que le credit est du capital etimposer nos gains fulurs comme nos possessions actuelles? Le fisc paratt assez porte en pratique pour le systeme de M. Macleod; deja il ne tient pas compte du passif pour les droits d’enregistrement percus sur les successions. En dehors de la pretendue decouverte de M. Macleod, nous n’avons pas aenregistrer des oeuvres bien importantcs en economie politique. M. Perin, professeur a FUniversite de Louvaio, a publie, sous le litre : De la richesse dans les socidtes chrtHiennes, 2 vol. in-8°, un ouvrage qui rappelle jusqu’a certain point I’ficonomie poli- tique chre’lienne de M. Viileneuve de Bargemont. Le livre de M. Perin s’occupe principalemcnt du progres materiel et de F amelioration du sore des populations ouvrieres. M. Perin est Chre- tien et il ne lui a pas ete difficile de prouver que c’est sous Finfluence des idees chretiennes que se sont operas tous les progres realises dans le bien-elre et la position sociale des masses. Parmi les autres ouvrages embrassant jusqu’a un certain point l’ensemble de la science, nous citerons :