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xiv
préface


bien souvent imprimé depuis la fin du xve siècle [1]. Mais nous ne savons point quand a été rédigé le poëme en alexandrins d’Ogier : nous pouvons seulement le rapporter au xive siècle, et de cette attribution vague ne saurait se déduire aucune date quelque peu précise pour Brun de la Montaigne.

Nous ne sommes pas mieux renseignés sur le lieu où a été composé notre poëme. Quelques traces du langage picard et wallon, qui se rencontrent çà et là, peuvent appartenir au copiste, et ne sauraient conséquemment prouver que Brun de la Montaigne ait été écrit dans le nord de la France. Cependant, il n’y aurait dans cette hypothèse rien que d’assez vraisemblable, si on considère que dans la partie septentrionale des pays de langue d’oui on a continué plus longtemps qu’ailleurs à composer des poëmes en forme de chansons de geste.

Ce qu’il y a, en effet, de plus saillant dans Brun de la Montaigne, au fond véritable roman d’aventure, c’est la forme, qui est celle des chansons de geste en alexandrins, sauf un détail important. On sait que, au moyen âge, les vers de dix et de douze syllabes peuvent admettre à la fin de chaque hémistiche une syllabe atone qui ne compte pas dans la mesure du vers. Cette faculté a été restreinte dans notre versification moderne au second hémistiche seulement (d’où nos vers à rimes féminines).

    voy. Fr. Michel, Rapports au Ministre, p. 94 (édit. orig.), et Sachs, Beitræge zur Kunde altfranzœsischer… Literatur (1857), p. 38.

  1. Voy. Brunet, Manuel du libraire, Ogier ; et Graesse, Die grossen Sagenkreise des Mittelalters, p. 342.