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CARACTÈRE DE LA CHANSON

Dieu. Ils s’adressent constamment à lui en des invocations plus ou moins longues, aussitôt qu’ils sont sous le coup d’une émotion. Et, quand ils sont en détresse, c’est par des prières ferventes qu’ils implorent son secours. Souvent alors Dieu les sauve au moyen d’événements en soi naturels [1]. Ces prières et ces invocations sont, comme il arrive en général dans les chansons de geste, de curieux résumés de l’histoire biblique. Elles consistent principalement en des énumérations plus ou moins longues des grands actes de Dieu, de ses miracles connus, ou bien rappellent des événements de l’histoire sainte. Nous apprenons ainsi par elles à connaître les événements et les personnages bibliques qui ont dû le plus occuper la pensée de notre auteur et, probablement, celle de ses contemporains [2]. Et dans les invocations apparaissent en outre toute une foule de noms de saints, variant d’après les besoins de la rime [3].

La chanson de Florence de Rome étant le développement d’un thème entièrement fictif, il est assez naturel que tout le milieu historique dans lequel l’action se passe soit également de pure invention. L’empereur de Rome, Oton, le roi de Grèce, Garsire, le roi de Hongrie, Philippe, et tous les autres princes et seigneurs sont de simples figures de roman, emprun-

  1. Ainsi, quand Florence est sauvée du naufrage, l’auteur s’écrie (vers 5490-5491) :

    Seignors, bien poez dire que Damedeu l’amot,
    Quant il de tel peril la delivra de mort.

  2. Dans sa dissertation intitulée Die Erziehung des Ritters in der altfranzösischen Epik (1888), M. Ernst Rust énumère (pp. 1215) les sujets bibliques les plus communs que mentionnent les prières des chansons de geste.
  3. Ainsi, à la rime en -as, on trouve saint Tomas (vers 3162, 5877) ; à celle en -ise, saint Denise (vers 4839, 5081) ; etc.