Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/125

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Sommaire.

soixante chevaliers. De votre côté, vous irez faire fête à votre frère et n’emmènerez avec vous qu’un seul écuyer. Demain matin, vous ferez lever Huon avant le jour, vous l’accompagnerez, et, quand vous serez près du bois, vous lui parlerez de façon à faire naître une querelle entre vous. Nous sortirons alors de notre embuscade, nous tuerons ses chevaliers, nous le jetterons en prison, vous lui enlèverez la barbe et les dents de l’amiral, puis vous irez dire à l’empereur que votre frère est de retour, qui ne s’est point acquitté de son message et que, pour cela, vous l’avez emprisonné. Charlemagne le hait, je le sais ; s’il le prend à Bordeaux, il le fera pendre, car il lui défendit naguère d’y retourner avant d’être venu lui rendre compte de son message. » — Gérard approuve ce projet de trahison. Il part pour l’abbaye. — Entrevue des deux frères. — Baiser de Judas. — Huon raconte à Gérard toutes ses aventures et le succès de son message. Il lui apprend où sont cachées les moustaches et les dents de l’amiral. « Et vous, mon frère, dit-il à Gérard, comment vous va ? J’ai ouï dire que vous êtes marié. — Oui vraiment, répond Gérard. — Et avec qui ? demande Huon. — Frère, avec la fille d’un riche seigneur, Gibouart de Viesmés. — Je le connais bien, dit Huon ; mais vous êtes mal marié, mon frère ; c’est la fille d’un traître que vous avez épousée. » — Comme ils parlent ainsi, on vient leur annoncer que le souper est servi. P. 261-269.

Après le repas, Huon prend à part l’abbé de Saint-Maurice : « J’ai ici de grandes richesses, lui dit-il, gardez-les-moi, je vous prie, jusqu’à mon retour, et ne les rendez qu’à moi-même. » L’abbé le promet, et ses hôtes vont se reposer jusqu’à l’heure du départ. — Huon et Esclarmonde ne partagent point le même lit