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Huon de Bordeaux

« Mais or me dites, et que me demandés ? »
Dist li gaians : « Aparmain le sarés :
« Je vous mec sus mon frere avés tué,
« Car je sai bien, si c’on m’a devisé,
6320« Que chil qui l’ot ochis et decopé
« Qu’il vint çà outre par dedens vostre ostel,
« Si le fesistes en vo prison geter.
« Nel déussiés avoir emprisoné,
« Ains l’éussiés pendu et traïné,
« Et par Mahom, cui je doi aourer,
« Se ne me fust por mon cors avieuter,
« Je vous ferroie de mon puing sor le nés
« Si que le sanc en feroie voler.
« Traïtres ! leres ! tu soies vergondés !
6330« De vo caïre maintenant vous levés ;
« Ne devés pas séoir comme amirés. »
Puis pase avant, à lui l’a si tiré
Que de son cief fait le capel voler,
C’à poi ne fist l’amiral jus verser.
Li amirés fu forment abosmés.
Dist Agrapars : « Glous, vous me servirés ;
« Mes freres est mors, dont sui au cuer irés,
« Or veul avoir toutes ses iretés :
« D’ore en avant serés mes sers clamés,
6340« U vous serés à martire livrés.
« Et non pourquant je veul à droit ouvrer :
« Faites errant .i. de vos Turs armer ;
« Se doi i vienent, ne les quier refuser ;
« A aus vaurai combatre en camp malé.
« Se li doi vostre pueent mon cors mater,
« Je vous lairai en pais vos iretés ;
« N’en quier avoir .i. denier monéé.
« Et se je puis le vostre conquester,
« Vous me rendrés .iiii. denier d’or cler,
6350« Et à tous jors mes liges hon serés. »