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Sommaire.

à Saint-Pierre, où le pape officiait. — Après la messe, Huon l’aborde : « Sire, lui dit-il, que le Sauveur du monde vous tienne en santé. — Dieu vous rende meilleur, répond le pape. D’où êtes-vous, frère, et quels sont vos parents ? — Je suis de Bordeaux, dit Huon, fils du duc Séguin, à qui Dieu fasse paix, car il est mort. » À ce nom de Séguin, le pape se jette au cou de Huon : « Beau neveu, lui dit-il, soyez le bien venu ! Et où allez-vous, pour l’amour de Dieu ? — Sire, reprend Huon, vous le saurez, mais auparavant, je désire vous parler seul à seul. » Le pape le prend à part, et le fait asseoir près de lui. Huon lui confesse ses péchés ; il lui raconte ensuite ses malheurs, lui fait connaître le but de son voyage, et lui demande l’absolution. Le pape lui ordonne d’abord de déposer toute haine, d’oublier toute rancune et de pardonner à Charlemagne comme à tous ceux dont il a reçu injure. « Je leur pardonne de grand cœur, dit Huon. — C’est d’un noble baron, reprend le pape, et voici ce que vous y gagnerez : vous me quitterez aussi pur que Marie-Madeleine lorsqu’elle eut arrosé de larmes les pieds de notre Seigneur, et, par mon chef, je ne vous imposerai aucune pénitence. Maintenant, écoutez-moi, beau neveu. En partant d’ici vous irez à Brindes ; là vous trouverez votre cousin et le mien, Garin de Saint-Omer, qui vous fera bon accueil. Il est marin et a la garde du port. Je vous donnerai une lettre pour lui. » Et aussitôt le pape appelle son chapelain, lui fait écrire et sceller la lettre. — « Vous remettrez cette lettre à Garin, ajoute-t-il, et le saluerez cent fois de ma part. Il vous aidera à passer outre mer. P. 72-78.

Huon prend congé du pape, qui cherche en vain à le retenir. — Son arrivée à Brindes. — Son entrevue