Page:Anonyme - La France dans les mers asiatiques, 1858.pdf/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LA FRANCE

Les agitateurs se trouvent surtout dans les classes intermédiaires, parmi les hommes intelligents et sans fortune dont les fortes aptitudes et l’organisation vigoureuse se révoltent contre les obstacles.

Or c’était là que se trouvait le danger sérieux de la situation anglaise.

La Grande-Bretagne avait dans son système de majorats aristocratiques la plaie qui la mettait en péril.

Les cadets de famille déchus d’une haute position sociale pour tomber dans un état plus que médiocre, contenant d’ailleurs parmi eux des esprits ambitieux et hardis, devaient inévitablement un jour s’attacher les classes pauvres, et, s’appuyant sur elles, attaquer la constitution de l’État.

Mais l’aristocratie comprit ce danger et trouva dans ses possessions indiennes un débouché à l’ambition de ses cadets. De cette manière elle leur offrait le moyen d’acquérir de grandes fortunes en même temps qu’elle se débarrassait de leur jalousie.

Un économiste anglais a admirablement apprécié cette situation.

« Sur les soixante mille Anglais qui habitent l’Inde, dit-il, neuf mille au moins sortent d’une classe qui devient dangereuse si l’on n’occupe pas ses bras et son intelligence, la classe entreprenante, ambitieuse et besogneuse, sinon indigente, des frères cadets et des cousins pauvres. »

On connaît la magnifique position et la vie fastueuse qui sont offertes dans l’Inde aux officiers civils et militaires de la Compagnie.

L’oligarchie britannique savait bien qu’elle n’aurait