Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/93

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l’arrestation et déposa, à titre de pièce de conviction, la liasse de billots contrefaits.

Le premier témoin appelé par la défense était Salomon Sly. Il s’avança, avec un regard louche, et se laissa arracher plutôt qu’il n’en fit l’aveu, la déclaration qu’il reconnaissait le paquet ; mais il jura ses grands dieux que ne l’ayant pas ouvert, il ignorait que ce fussent de faux billets. Il reconnut avoir consenti, à la demande d’un gentleman dont il prétendit ne pas savoir le nom, à se charger, moyennant salaire, de pénétrer dans l’appartement de M. Halt, et de déposer ce paquet dans le secrétaire du maître de musique. Questionné sur le jour et l’heure où le fait avait eu lieu, il fit une réponse, qui démontra clairement qu’on avait profité du voyage de M. Halt à Trois-Rivières pour pénétrer chez lui, et que le rendez-vous donné dans cette ville faisait partie d’un vaste guet-apens dont l’accusé avait été victime.

— Nous nous réservons, dit l’avocat, de rappeler le témoin, avant la fin du procès, et de le confronter avec l’individu qui lui a remis la liasse de faux billets.

À partir de ce moment, la cause de M. Halt était gagnée. Cependant, le public n’était pas au bout de ses surprises. Le second témoin était Joseph Briquet.

— Dites ce que vous savez sur les billets saisis chez M. Halt, demanda l’avocat.

— Je sais qu’ils étaient contrefaits, répondit tranquillement le gamin.

— Est-ce tout ce que vous avez à dire ?

— Je sais que c’est une action criminelle ; et que les coupables devront payer à la justice une lourde dette.

— Dois-je entendre par là que vous connaissez les coupables ? reprit l’avocat d’une voix posée.