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Page:Anonyme - Le Roi du nord, biographie et portrait, 1891.djvu/17

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En effet, à force de persévérance et de diplomatie, il parvint à faire de Lacolle un des plus beaux établissements du pays, malgré la science et la richesse liguées contre lui, et malgré les efforts des protestants qui possédaient en grande partie le territoire.

Quand il quitta la paroisse, protestants et catholiques reconnurent son habileté, et admirent la justice de ses prétentions.

C’est pendant son séjour à Lacolle que l’invasion fénienne eut lieu. Cet endroit offrait un accès facile à l’ennemi, étant à l’entrée de la plaine qui conduit à Saint-Jean. Mais le patriotisme que le curé réveilla dans le cœur de ses ouailles eut assez de retentissement pour faire choisir une autre porte aux ennemis de la patrie. « Si les féniens entrent ici, disait aux habitants ce pasteur dévoué, je me mettrai à la tête d’une compagnie pour les repousser. »

En 1868 il fut transféré à la cure de Saint-Jérôme. Après avoir passé ses premières années de prêtrise au milieu des luttes, il trouvait bon d’arriver dans une paroisse paisible et bien organisée. Il se jeta à genoux à la porte de son presbytère pour remercier Dieu de sa miséricorde. Il trouva parmi ses nouveaux paroissiens l’esprit d’union, si efficace aux grandes œuvres. Le site du village, les progrès déjà inaugurés, l’intelligence et l’ambition de ses habitants, tout lui faisait présager une ère de bonheur, tel qu’il n’en avait pas encore goûté.

Il ne connaissait le Nord que par la géographie et le ouï-dire ; mais la position de Saint-