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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

et lui demanda quel était son métier, et ce qu’il faisait. Ulespiègle répondit bien gentiment, et en cachant sa malice, qu’il était garçon cuisinier et qu’il n’avait pas de place. Alors le marchand lui dit : « Si tu veux te bien conduire, je te prendrai moi-même et je te donnerai des habits neufs et de bons gages, car j’ai une femme qui crie toute la journée après le cuisinier, et j’estime que cela vaut bien un dédommagement. » Ulespiègle lui promit beaucoup de zèle et de fidélité. Alors le marchand le prit, et lui demanda son nom. Ulespiègle répondit : « Monsieur, je m’appelle Barth.o.lo.me.us. – Ce nom est trop long, dit le marchand ; on n’en finit pas de le prononcer. Tu t’appelleras Doll. – Bien, cher seigneur, répondit Ulespiègle ; cela m’est indifférent de m’appeler d’un nom ou d’un autre. – Viens, viens, dit le marchand, viens avec moi dans mon jardin ; nous prendrons des légumes et des poulets gras pour les emporter à la maison, car j’ai invité du monde pour dimanche prochain, et je veux bien traiter mes convives. » Ulespiègle alla avec lui au jardin, et coupa du romarin, qu’il voulait mettre dans les poulets à la manière italienne, se proposant d’accommoder les autres avec des oignons, des œufs et des légumes. Puis le marchand et lui rentrèrent en ville. Quand la dame vit cet hôte à l’accoutrement étrange, elle demanda à son mari ce que c’était que ce compagnon, ce qu’il en voulait faire, et s’il avait peur que le pain ne moisît. Le marchand répondit : « Ma femme, calme-toi ; il sera ton valet : c’est un