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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

vais te révéler, tu le tiendras secret et ne le diras à personne. » Les malades le promirent avec grande assurance. Là-dessus il dit à chacun en particulier : « Vous rendre à tous la santé et vous remettre sur vos jambes, cela m’est impossible si je ne brûle un d’entre vous et ne le réduis en poudre que je ferai prendre aux autres ; c’est ce qu’il faut que je fasse. C’est pourquoi je prendrai le plus malade d’entre vous et le plus impotent, et le réduirai en poudre pour faire prendre aux autres. Et pour vous éveiller et vous rendre alertes, je prendrai le maître de l’hôpital et me placerai à la porte, et vous appellerai à haute voix. Celui qui ne sera pas malade, qu’il sorte vivement et sans tarder. N’oublie pas cela. » Puis il dit à chacun que le dernier payerait pour les autres. Chacun prit bonne note de cela, et au jour indiqué ils s’empressèrent de se sauver, avec leurs jambes malades et boiteuses, car aucun ne voulait être le dernier. Quand Ulespiègle commença l’appel, comme il l’avait annoncé, ils se mirent à prendre la fuite, même plusieurs qui depuis dix ans n’avaient pas quitté le lit. Lorsque l’hôpital fut complètement vide et que tous les malades furent dehors, Ulespiègle demanda au maître de l’hôpital sa récompense, disant qu’il était pressé de se rendre ailleurs. Celui-ci lui donna l’argent en le remerciant beaucoup, et il partit. Mais, au bout de trois jours, tous les malades étaient revenus, se plaignant de leur maladie. « Comment cela se fait-il ? demanda le maître de l’hôpital ; j’ai fait venir le grand maître, qui vous a guéris,