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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

CHAPITRE XXII.


Comment Ulespiègle s’engagea au comte d’Anhalt en
qualité de trompette, et ne sonnait pas quand les
ennemis venaient et sonnait quand il n’y
avait pas d’ennemis.



Peu de temps après, Ulespiègle alla trouver le comte d’Anhalt, et s’engagea à lui comme trompette. Le comte était en guerre avec ses voisins, de sorte qu’il y avait dans la ville et dans le château beaucoup de cavaliers et de soldats, qu’il fallait nourrir chaque jour. On plaça Ulespiègle au haut d’une tour ; mais on l’y oublia, de sorte qu’on ne lui envoya pas à manger. Or, il arriva le même jour que les ennemis du comte vinrent rôder autour de la ville, et prirent les bestiaux qu’ils trouvèrent et les emmenèrent. Ulespiègle était dans sa tour et regardait par la fenêtre ; mais il ne sonna ni ne cria. Cependant le bruit parvint jusqu’au comte, qui courut avec les siens après l’ennemi. Quelques-uns aperçurent en haut de la tour Ulespiègle, qui regardait par la fenêtre en riant. Alors le comte lui cria : « Que fais-tu ainsi à la fenêtre, et comment es-tu si tranquille ? » Ulespiègle répondit : « Je n’aime pas à crier ni à danser avant mes repas. – Ne pouvais-tu sonner l’ennemi ? » lui dit le comte. Ulespiègle répliqua : « Je n’avais pas à sonner l’ennemi ; les champs en étaient pleins, et une partie s’en sont