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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

tiens, avant que l’anglais Wicklieb y eût donné naissance à l’hérésie qui fut propagée par Jean Huss. Il se donna là pour un grand maître, capable de résoudre les questions que les autres maîtres ne pouvaient décider. Il fit faire une affiche et la fit placarder aux portes des églises et des collèges. Cela fâcha le recteur, les professeurs, les docteurs, les maîtres et toute l’Université, qui se réunirent pour tenir conseil et aviser à donner à Ulespiègle des questions auxquelles il ne pourrait répondre, de façon à ce que, s’il répondait mal, ils pussent le confondre et lui faire honte. Il fut ainsi entre eux accordé et consenti, convenu et ordonné, que le recteur poserait les questions, et ils firent prévenir Ulespiègle par leur appariteur qu’il eût à se présenter le lendemain pour répondre devant toute l’Université aux questions qui lui seraient posées, de façon à ce qu’on pût l’éprouver et reconnaître sa science, sans quoi il ne serait pas admis. À cela Ulespiègle répondit : « Dis à ton maître que je ferai en sorte de supporter l’épreuve vaillamment, comme j’ai fait jusqu’à présent. »

Le lendemain, tous les docteurs et savants se réunirent. Ulespiègle arriva, amenant avec lui son hôte, quelques autres bourgeois et plusieurs bons compagnons, de peur d’être assailli par les étudiants. Quand il entra dans l’assemblée, on lui dit de monter en chaire et de répondre aux questions qui lui seraient soumises. Pour première question, le recteur lui demanda de dire exactement la quantité de tonneaux d’eau qui était contenue en la mer, ajou-