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RONDEAUX

CLVII

Itasse de Lespinay

(fol. 85 vo)
Fortune veult le rebours de mon vueil[1] :
Plus voy d’esbas et plus acroy mon dueil ;
Tant plus me dueil,
Et sans cesser mon plus fort mal empire ;
5Plus n’a dolent de moy deça l’empire
N’a qui l’empire
Si fort qu’a moy [et] partout aveuc dueil.

Fort une amer suy contraint, dont j’acueil
Cent mil[le] maulx que par son doulz acueil
10Je porte et cueil,
Mais se je cuide les fuïr ou despire,
[Fortune veult le rebours de mon vueil.]

Tant plus me plains, mains desconfort acueil,
Par quoy desire mort estre en ung sercueil,
15Car je recueil
Incessaument douleur, paine et martire,
Et nul ne vit que moy qui tel mal tire ;
Dueil me martire,
Car se plaisir en riens prendre je vueil,
20Fortune veult [le rebours de mon vueil.]

  1. CLVII. Voy. le premier vers de la pièce précédente et de pièce CLX.