Maiz j’ay veü povre de negligent.
Or y pensez et sachiés vrayement :
Nul ne tendit oncques a cheval d’or
Qu’il n’en eüst la bride en son vivant,
Se du querir fu saige et diligent.
Ces trois formes de rondeau, qui portent indistinctement le nom de rondelets[1], sont les seules qui se retrouvent en octosyllabes et en décasyllabes dans un manuscrit entièrement consacré à la poésie de cette époque (B. N. fr. 12557). La disposition des rimes varie quelquefois ; c’est ainsi que nous avons deux types pour le rondeau double : abab | abab | abababab, type déjà connu, et abcd | abcab | abcdabcd où interviennent deux nouvelles rimes.
Le rondeau n’ayant que 3 vers au premier couplet offre encore plus de variétés : aba | abab | abaaba, aab | aaaa | aabaab et abc | abab | abcabc.
Eustache Deschamps, qui ne connaît ordinairement que ces 3 formes de rondeaux, offre cependant le premier exemple d’une pièce écrite en octosyllabes, dont le premier couplet ait 5 vers[2] : aabba | babaa | aabbaaabba.
Froissart, qui dans l’ordre du temps vient après Deschamps, nous donne peu de renseignements, car sur les 107 rondelès amoureus qu’il a composés en vers décasyllabiques[3], 106 sont des rondeaux simples : ab | aa | abab. Une seule pièce, la xxie, à la forme abb | aab | abb |abb.