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de Robinson Crusoé.

ce qui me soulagea sur le champ, & quoique cet intervalle ne durât pas deux secondes, il ne laissa pas de me faire un grand bien, me donna le tems de respirer, & redoubla mon courage ; je fus derechef couvert d’eau, mais non pas si long-tems, que je ne pusse tenir bon, & m’appercevant que la mer s’étoit brisée, & qu’elle commençoit à retourner, je m’élançai en avant tant que je pus pour ne me laisser point entraîner, & je sentis que je prenois pied. Je demeurai sans rien faire pendant quelques momens, tant pour reprendre ma respiration, que pour attendre que les eaux se fussent retirées, & puis je courus vers le rivage avec toute la vîtesse dont j’étois capable. Cet effort n’étoit pas suffisant pour me délivrer de la fureur des ondes qui venoient fondre sur moi de nouveau ; elles m’enlevèrent deux autres fois, & me portèrent en avant, comme elles avoient déjà fait, le rivage étant tout uni.

Peu s’en fallut que le dernier de ces deux assauts dont je viens de donner la description ne me fût fatal ; car la mer m’ayant entraîné comme auparavant, me mit à terre, ou pour mieux dire, me jeta contre un rocher, & cela si rudement, que j’en perdis le sentiment, & le pouvoir d’agir pour ma délivrance ; car le coup ayant porté sur mon flanc & sur ma poitrine,