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Les aventures

n’avoit d’autre objet que ma folie : mais celui où je me vois aujourd’hui délaissé, n’est qu’une suite de cette même folie : j’ai refusé l’aide de mes parens, lorsqu’ils me vouloient établir dans le monde, & m’y mettre dans une position exempte de gêne & d’inquiétude ; & maintenant il me faut lutter contre des obstacles trop rudes, & peu proportionnés à la foiblesse de la nature, sans que j’aie ni assistance, ni consolation, ni conseil ». Alors je m’écriai : Grand Dieu ! viens à mon aide ; car ma détresse est grande.

Cette prière, s’il est permis de me servir de ce nom, étoit la première que j’eusse faite depuis plusieurs années. Mais retournons à notre journal.

Le 28 Juin. Me sentant un peu soulagé par le sommeil que j’avois eu, & l’accès étant tout-à-fait fini, je me levai. La frayeur où m’avoit jeté le songe, ne m’empêcha pas de considérer, que l’accès de fièvre me reprendroit le jour suivant, & qu’il falloit profiter de cet intervalle pour me refaire un peu, & préparer des rafraîchissemens ; auxquels je pourrois avoir recours lorsque le mal seroit revenu. La première chose que je fis, ce fut de verser de l’eau dans une grande bouteille quarrée, & de la mettre sur ma table près de mon lit ; & pour ôter la crudité de l’eau, j’y ajoutai environ le quart d’une pinte de rum, mêlant le tout ensemble : j’allai couper un mor-