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Les aventures

sans toutefois que j’en pusse dire le nom, excepté ceux qu’on appelle dans l’Amérique Penguins.

J’en aurois pu tuer autant que j’aurois voulu ; mais j’étois chiche de ma poudre & de mon plomb ; & je souhaitois plutôt de tuer une chèvre s’il étoit possible, parce qu’il y avoit beaucoup plus à manger. Mais quoique cette partie de la côte fût beaucoup plus abondante en boucs, que celle où j’habitois, néanmoins il étoit bien plus difficile de les approcher, parce que ce canton étoit plat & uni, ils pouvoient m’appercevoir bien plus aisément, que lorsque j’étois sur les rochers & sur les collines.

Toute charmante que fût cette contrée, je ne sentois cependant pas la moindre inclination à changer d’habitation : j’étois accoutumé à celle où je m’étois fixé dès le commencement ; & dans ce tems même auquel j’admirois mes belles découvertes, il me sembloit que j’étois éloigné de chez moi, & dans un pays étranger. Enfin, je pris ma route le long de la côte, tirant à l’est, & je crois que je parcourus bien environ douze milles : alors je plantai une grande perche sur le rivage, pour me servir de marque, & je conclus de m’en retourner au logis ; mais que la première fois que je me mettrois en chemin, pour faire un autre