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de Robinson Crusoé.

Là-dessus je le fis boire un bon coup de mon rum pour lui fortifier le cœur. Je lui fis prendre mes deux fusils de chasse que je chargea de la plus grosse dragée : je pris encore quatre mousquets, sur chacun desquels je mis deux cloux & cinq petites balles ; je chargeai mes pistolets tout aussi-bien à proportion : je mis à mon côté mon grand sabre tout nud, & j’ordonnai à Vendredi de prendre sa hache.

M’étant préparé de cette manière, je pris une des mes lunettes, & je montai au haut de la colline pour découvrir ce qui se passoit sur le rivage : j’apperçus bientôt que nos ennemis y étoient au nombre de vingt-un, avec trois prisonniers ; qu’ils étoient venus en trois canots, & qu’ils avoient dessein de faire un festin de triomphe par le moyen de ces trois corps humains.

J’observai encore qu’ils étoient débarqués non dans l’endroit Vendredi leur étoit échappé, mais bien plus près de ma petite baie, où le rivage étoit bas, & où un bois épais s’étendoit presque jusqu’à la mer. Cette découverte m’anima d’un nouveau courage ; & retournant vers mon esclave, je lui dis que j’étois déterminé à les tuer tus s’il vouloit m’assister avec vigueur. Sa peur étant alors passée, & le rum ayant mis ses esprits en mouvement, il parut plein de feu, & répéta