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de Robinson Crusoé.

gions différentes : Vendredi étoit protestant, son père étoit payen & un cannibale, l’Espagnol étoit catholique romain ; & moi, comme un prince sage & équitable, j’établissois la liberté de conscience dans tout mon royaume. Cela soit dit en passent.

Dès que j’eus logé mes deux nouveaux compagnons, je songeai à rétablir leur forces par un bon repas : je commandai à Vendredi d’aller prendre parmi mon troupeau apprivoisé un chevreau d’un an ; je le mis en petites pièces, je le fis bouillir & étuver, & je vous assure que je le leur accommodai un fort bon plat de viande & de bouillon, où j’avois mis de l’orge & du riz. Je portai le tout dans la nouvelle tente, & ayant servi, je me mis à table avec mes nouveaux hôtes, que je régalai & encourageai de mon mieux, me servant de Vendredi comme de mon interprète, non-seulement auprès de son père, mais auprès de l’Espagnol, qui parloit fort joliment la langue des sauvages.

Après avoir dîné, ou, pour mieux dire, soupé, j’ordonnai à mon esclave de prendre un des canots, & d’aller chercher nos armes à feu que nous avions laissées sur le champ de bataille ; & le jour après je luis dis d’enterrer les morts, qui, étant exposés au soleil, nous auroient bientôt incommodés par leur mauvaise