Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
455
de Robinson Crusoé.

mutins, ils en tuent un sur la place. L’autre, quoique dangereusement blessé, se lève avec précipitation, se met à crier au secours : mais le capitaine le joint, en lui disant qu’il n’étoit plus tems de demander du secours, & qu’il n’avoit qu’à prier Dieu de lui pardonner sa trahison : il l’assomme aussi-tôt d’un coup de fusil.

Il en restoit encore trois, dont l’un étoit légèrement blessé ; mais me voyant arriver encore, & qu’il leut étoit impossible de résister, ils demandèrent quartier. Le capitaine y consentit, à condition qu’ils lui marqueroient l’horreur qu’ils devoient avoir de leur crime, en l’aidant fidèlement à recouvrir le vaisseau & à le ramener à la Jamaïque d’où il venoit. Ils lui donnèrent toutes les assurances de leur repentir, & de leur bonne volonté, qu’il pouvoit desirer, & il résolut de leur sauver la vie, ce que je ne désapprouvois pas ; je l’obligeai seulement à les garder pieds & mains liés, tant qu’ils seroient dans l’île.

Sur ces entrefaites j’envoyai Vendredi, avec le contre-maître, vers la chaloupe, avec ordre de la mettre en sûreté, & d’en ôter les rames & les voiles, ce qu’ils firent : en même tems trois matelots qui, pour leur bonheur, s’étoient écartés de la troupe, revinrent au bruit des mousquets ; & voyant leur capitaine, de leur prisonnier, devenu leur vainqueur, ils se soumirent à lui,