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de Robinson Crusoé.

trou assez grand pour n’être pas fort aisément bouché, nous mîmes toutes nos forces à la pousser assez haut sur le rivage, pour que la marée même ne pût pas la mettre à flot. Mais au milieu de cette occupation pénible, nous entendîmes un coup de canon, & nous vîmes en même tems sur le vaisseau le signal ordinaire pour faire venir la chaloupe à bord ; mais ils avoient beau faire des signaux & redoubler leurs coups de canon, la chaloupe n’avoit garde d’obéir.

Dans le même instant nous les vîmes, par le moyen de nos lunette, mettre leur autre chaloupe en mer, & aller vers le rivage à force de rames ; & quand ils furent à la portée de notre vue, nous apperçumes distinctement qu’ils étoient au nombre de dix, & qu’ils avoient des armes à feu. Nous en pûmes distinguer jusqu’aux visages pendant assez long-tems, parce qu’ayant été délivrés par la marée, ils étoient obligés de suivre le rivage pour débarquer dans le même endroit où ils découvrirent leur première chaloupe.

De cette manière, le capitaine pouvoit les examiner à loisir ; il n’y manquoit pas, & il me dit qu’il voyoit parmi eux trois fort braves garçons, & qu’il étoit sûr que les autres les avoient entraînés par force dans la conspiration ; mais que pour le Bossement qui commandoit la chaloupe, & pour les autres, c’étoient les plus grands scé-