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Les aventures

demandai à mon vieux ami comment il étoit possible que mes facteurs eussent ainsi disposé de mes effets, dans le tems qu’ils savoient que j’avois fait un testament en faveur de lui, c’est-à-dire, du vieux capitaine portugais, comme mon héritier universel ?

Il m’a dit que cela étoit arrivé ; mais que n’ayant point de preuve de ma mort, il n’avoit pas été en état d’agir en qualité d’exécuteur testamentaire, & d’ailleurs il n’avoit pas trouvé à propos de se mêler d’une affaire si embarrassée ; que cependant il avoit fait enregistrer ce testament, & qu’il s’en étoit mis en possession ; que s’il avoit pu donner quelque assurance de ma mort ou de ma vie, il auroit agi pour moi, comme par procuration, & se seroit emparé de l’ingenio, c’est-à-dire, de l’endroit où l’on préparé le sucre, & que même il avoit donné ordre à son fils de le faire en son nom.

Mais, dit le bon vieillard, j’ai une autre nouvelle à vous donner, qui ne vous sera peut-être pas si agréable ; c’est que tout le monde vous croyant mort, votre associé & vos facteurs m’ont offert de s’accommoder avec moi par rapport au revenu des sept ou huit premières années, lequel j’ai effectivement reçu. Mais, continua-t-il, ces revenus n’ont pas été grand chose alors, à cause des grands déboursemens qu’il a fallu faire pour