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Les aventures

qui m’avoient apporté mes lettres avoient aussi été chargés de mes effets, & ils avoient été en sûreté dans la rivière, avant que j’eusse, entre les mains, les nouvelles de leur départ. Cette joie subite me saisit d’une telle force, que le cœur me manqua, & je serois peut-être mort sur le champ, si le bon vieillard ne s’étoit hâté de me chercher un verre d’eau cordiale.

Je continuai pourtant à être assez mal pendant quelques heures, jusqu’à ce qu’on fît chercher un médecin qui, instruit de mon indisposition, me fit saigner, ce qui me remit entièrement.

Je me voyois alors tout d’un coup maître de 500,000 livres sterling en argent, & d’un bien dans le Brésil de plus de mille livres sterling de revenu, dont j’étois aussi sûr qu’aucun anglois peut l’être d’un bien qu’il possède dans sa propre patrie. En un mot, je me voyois dans un bonheur que j’avois de la peine à comprendre moi-même, & je ne savois pas trop bien comment me conduire pour en jouir à mon aise.

La première chose à laquelle je songeai, fut à récompenser mon bienfaiteur le capitaine portugais, qui m’avoit donné tant de marques de sa charité dans mes malheurs, & tant de preuves de sa probité dans ma bonne fortune.

Je lui montrai tout ce que je venois de re-