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de Robinson Crusoé.

saire turc de Salé, qui nous donna la chasse avec toutes ses voiles. De notre côté, nous mîmes au vent toutes celles que nous avions, & que nos mâts pouvoient porter, pour nous sauver : mais voyant qu’il gagnoit sur nous, & qu’au bout de quelques heures il ne manqueroit pas de nous avoir atteints, nous nous préparâmes au combat. Nous avions à bord douze canons ; l’écumeur en avoit dix-huit. Sur les trois heurs après midi, il fut à notre portée, commença l’attaque, & fit une méprise ; car au lieu de nous prendre en arrière, comme c’étoit son dessein, il fit une décharge sur un de nos côtés : ce que voyant, nous y pointâmes huit de nos canons pour soutenir son attaque, & lâchâmes une bordée qui le fit reculer ; ce ne fut pourtant qu’après nous l’avoir rendue, & en faisant jouer la mousquerie, qui étoit de deux cens hommes. Cependant nos gens se tenoient fermes ; aucun d’eux n’avoit été touché. Il se prépara à renouveler le combat, & nous à le soutenir. Mais étant venu de l’autre côté à l’abordage, soixante des siens se jetèrent sur notre pont, & commencèrent à jouer de la hache coupant & taillant mâts & cordages. De notre côté nous les recevions à coups de mousquets, de demi piques, de grenades & autres choses semblables ; en sorte que nous