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Les aventures

que si elles arrivent à bon port, vous puissiez faire venir le reste par la même voie ; & si vous avez le malheur de les perdre, vous aurez encore l’autre moitié pour y avoir recours en cas de besoin ».

Il y avoit dans ce conseil tant de sagesse, & tant de marques d’amitié en même tems, que je fus d’abord convaincu que je ne pouvois pas mieux faire que de le suivre : c’est pourquoi je préparai une lettre en forme de déclaration pour la dame à qui j’avois laissé le maniement de mon argent, & une procuration pour le capitaine portugais, telle qu’il la desiroit.

J’écrivis à cette dame veuve du capitaine anglois, une relation exacte de mes aventures, de mon esclavage, de ma fuite, la manière dont j’avois rencontré en haute mer le capitaine portugais, sa conduite généreuse à mon égard, l’état où je me trouvois actuellement, avec toutes les instructions nécessaires pour me faire tenir mon argent. Quand cet honnête homme de capitaine fut arrivé à Lisbonne, il trouva moyen par l’entremise de quelques marchands anglois qui y demeuroient, d’envoyer non-seulement mon ordre, mais encore mon histoire toute entière à un marchand de Londres, qui en fit un rapport fidèle & pathétique à la veuve. Celle-ci non contente de délivrer l’argent, envoya du sien propre