Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 10.djvu/176

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Je lui jurai mille fois de l’aimer seule et toujours. Rassurée par mes promesses et par mes sermens, elle succomba, et eut la foiblesse de m’accorder ses faveurs. Glorieux de ce nouveau triomphe, je publiai partout, dès le lendemain, sa défaite et ma victoire. Cet événement fit beaucoup de bruit. La jeune Corinthienne étoit de la naissance la plus illustre. Elle fut anéantie à cette nouvelle. Furieuse, elle m’envoya des tablettes, dans lesquelles on lisoit sa douleur et fon désespoir, qu’elle exhaloit en ces mots terribles : monstre exécrable, que ton procédé est lâche, odieux, infâme! Que je te hais! combien je te déteste! ton nom seul me fait frisonner. Je ne veux plus fouiller ma pensée de ton ressouvenir honteux. Je t’oublie pour toujours. O moment d’erreurs et de foiblesse, que tu me couteras de larmes! mais plutôt tarissons-les. Puis-je survivre à mon dèshonneur. O douce mort, viens finir mes tourmens, et ensevelir ma honte dans un éternel oubli! homme abominable et perfide, mon ombre te poursuivra sans relâche. Ton âme atroce, en proie aux plus noires furies, sera déchirée, mais trop tard, par les plus cruels remords. Cette idée seule peut adoucir l’horreur de mes derniers momens. Déjà la mort me saisit. Déjà mes forces s’affoiblissent; un nuage épais couvre