Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 10.djvu/178

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de mon ame : les remords vengeurs me poursuivoient partout : plus de relâche, plus de repos : la vie m’étoit odieuse. Je n’eus pas la force et le courage de soutenir cette épreuve terrible : je languis quelque tems, et j’essuyai une cruelle maladie. Privé d’amis, de secours, dénué de tout, ma misère étoit à son comble, et j’àllois périr, lorsque d’honnêtes citoyens touchés de compassion à la vue de ma jeunesse et de mon état déplorable, me procurèrent les remèdes et les secours propres à ma guérison, et me retirèrent des portes du trépas. Dès que mes forces commencèrent à renaître, et que mes idées devinrent plus nettes, je m’imaginai sortir d’un songe long et pénible. J’admirois l'humanité généreuse de ceux qui venoient de me secourir, sans me connoître ; je la comparois avec la conduite atroce et intéressée des amis perfides, qui avoient développé mes passions, flatté bassement mes goûts, partagé mes plaifirs, et fomenté mes vices, en dissipant mes biens. Quel contraste! Quelle différence! Ce ressouvenir humiliant empoisonnoit tous les instans de ma vie ; et je regrettois sincèrement la mort. Cependant les réflexions, les conseils, le tems, dissipèrent, quoique lentement, ces idées sombres et lugubres, et ramenèrent un peu