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de Milord Céton.

ton impérieux, mots recherchés, fades entretiens, & beaucoup d’emphase pour dire des riens. Vous avez dû vous appercevoir que toutes leurs conversations ne roulent que sur des modes ; l’esprit de critique règne sur tout, & les décisions de leurs plus braves personnages sont presque toujours tournées en ridicule.

Nous fûmes interrompus par l’arrivée de Damon, qui entra, suivi du baron de Fanfaronnet, que nous avions déja vu dans plusieurs maisons. On vous trouve enfin, madame, dit Fanfaronnet ; j’aurois presque renoncé à cet avantage sans la passion que vous m’avez inspirée. Le soleil, à qui vous ressemblez, & auquel on dit que l’ordre de l’univers ne permet point de repos, s’est néanmoins fixé dans vos yeux pour éclairer la victoire que vous avez remportée sur mon cœur. Je vous aime, madame. Vous riez ! Oh ! parbleu, vous me démontez ; je vous proteste que j’ai pris, mais au vrai, un goût si vif pour vos charmes, mais si constant & si sérieux, qu’il y a, je crois, près de huit jours que je pense à vous uniquement. Soyez donc accessible aux témoignages de vénération & aux protestations d’amour de la part d’un homme qui n’est pas tout-à-fait indigne de mériter un accueil favorable. Vous ne devez