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de Milord Céton.

tie de la lune sans assister à un bal que l’intendant de la province devoit donner à toute la noblesse. Pour y entrer avec plus de sûreté, nous nous plaçâmes sur l’épaule de l’intendant. Ce seigneur en fit l’ouverture avec la marquise de Sarabante. Cette dame sut prendre ensuite le comte d’Entrechats, qui mena après la baronne de Contredanse. Je n’ai jamais rien vu de si grotesque que cette assemblée, où tous les hommes & les femmes avoient employé les plus grands efforts de leur imagination pour se déguiser d’une façon singulière. Plusieurs d’entre eux s’étoient fait ajuster des têtes postiches, qu’ils avoient fait exactement copier sur le modèle de celles des lunaires.

Mais comme il arrive, presque toujours, dans les grandes assemblées, quelques évènemens singuliers qui amusent les uns & fait le tourment & l’humiliation des autres, celle-ci, qui étoit très-nombreuse, occasionna plusieurs disputes fort sérieutes entre les masques, dont la plupart avoient perdu leurs têtes dans la foule : ces têtes étoient de carton ; quelques-unes étoient de verre, qui, sans doute, en tombant, s’étoient cassées ; peut-être aussi avoit-on marché dessus. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’on fut obligé d’apporter de grands ballais pour en rapprocher les débris, qui furent