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de Milord Céton.

familles, il n’y règne que de l’animosité, & de la fourberie dans leurs arrangemens ; des goûts & des liaisons que le hasard seul a formés ; des ressemblances de caractères qu’ils s’essorcent de faire passer pour une suite de réflexions sages & utiles, & mille autres choses encore, que la foiblesse, l’illusion, ou l’extrême ignorance, leur fait regarder comme belles, héroïques & éclatantes, quoiqu’au fond elles ne soient dignes que du plus souverain mépris. Ne peut-on pas comparer, dit Monime, la plupart des habitans de ce monde à des fous ou des insensés, plus dignes de pitié que de colère ? C’est donc en vain, poursuivit Monime, que je m’étois flattée que cette planette nous procureroit de l’amusement & de la satisfaction, puisqu’après l’avoir entièrement parcourue, nous n’y avons rencontré qu’un seul homme raisonnable je voudrois savoir la cause de cette disette d’hommes sensés, & pourquoi ce qui devoit naturellement m’amuser, m’a si fort ennuié. Elle est simple, dit Zachiel, puisque les personnes qui font usage de leur raison ne peuvent jamais s’amuser long-tems avec des fous, des imbécilles ou des capricieux. Ils ont beau faire, leur caractère est haï & méprisé ; ils déplaisent par toutes sortes d’endroits ; leur esprit borné, leur inconstance, leur légèreté, leurs affectations, ces gênantes