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Voyages

Zachiel après nous avoir avertis de ne nous point effrayer des choses extraordinaires qui alloient paroître à nos yeux, nous descendit dans une plaine sombre & aride. Cet endroit commença par nous inspirer de l’horreur : nous vîmes le ciel parsemé d’étoiles, qui jettoient un feu bleuâtre : la lune, qui paroissoit dans son plein ne rendoit qu’une lumière beaucoup plus pâle qu’à l’ordinaire : elle s’éclipsa enfin, & nous laissa long-tems dans une nuit affreuse. Borée, Cœcias, le bruyant Argestes & Thoucias, tous couverts de glace, de neige & de gelée s’étoient renfermés dans leur prison d’airain, & sembloient être devenus paralytiques. On n’entendoit point le doux murmure des fontaines ; elles étoient muettes ; les oiseaux avoient oublié leurs ramages ; les poissons se croyoient enchâssés dans du verre, & tous les autres animaux n’avoient de mouvement que ce qu’il leur en falloit pour trembler, & l’horreur d’un silence effroyable sembloit annoncer que la nature étoit prête d’enfanter quelque chose de terrible.

Lorsque la lune reparut, nous nous avançâmes dans cette plaine, où nous ne rencontrâmes que des chouettes, des corbeaux & d’autres oiseaux de mauvais augure : la terre n’étoit remplie que de crapauds, de serpens,